jeudi 24 mai 2012

Le Paradoxe

Ouf!

L'élection est passé, on a viré le petit connard, on peut maintenant tourner la page.

Mais finalement, qu'a-t-on fait? On a élu un nouveau président parce qu'on n'a pas apprécié la politique du précédent. Le nouveau a même établit son premier gouvernement, qui a le mérite au moins d'apporter du sang neuf. Est-ce que ce sang neuf apportera des idées neuves? Cela reste à voir.

L'homme du moment!
Le changement c'est maintenant. Cela veut dire quoi? On remplacé une sale gueule par une autre (bon un peu plus propret, peut-être, mais c'est un détail). Cette nouvelle tête s'est entourée d'autres nouvelles têtes. Et alors? Est-ce que la sale gueule en question était l'Alpha et l'Oméga de la politique? Et d'ailleurs, était-ce la politique qui nous gênait? Bien des gens pensent que la politique qu'il a menée était inéluctable, qu'il va falloir continuer, quelque soit son successeur, qu'on va avoir des années à baver, et on ne pourra rien y faire. Or c'est cette politique qui est suivi qui est le problème, pas les gens qui l'ont mené.

Mais, s'est-on réellement penché sur le problème? C'est la force de Sarkozy d'imposer un climat, c'est à dire un caractères émotif et personnel à une situation. Et et en faisant cela, il parvient à détourner la conversation. Comme je l'ai dit plus haut, 'on a viré le petit connard', c'est à dire qu'on a réagit à la personne plutôt qu'à la politique, et la campagne a été déraillée. On ne peut pas le juger sur ce qu'il a fait.

En personnalisant le vote, on a exagéré le caractère émotif, sans réellement étudier en étudier le caractère structurel de la question. C'est facile à faire quand on vit l'impact sur la vie des gens ordinaires qu'ont les décisions prises par nos dirigeants. Chômage et sous emploi enracinés ont grillé une génération entière et sont en passe pour griller une seconde. Mais si on regarde la question de façon dépassionnée, on s'aperçoit qu'il y a en fin de compte deux problèmes que l'on peut qualifier 'd'économique' au sens grec du terme, c'est à dire dans la gestion de notre maison, la nation. L'une est la dette publique (ou le déficit, c'est en fait la même chose), et l'autre est l'économie (dans le sens plus moderne du terme) en berne.

Les deux sont liées mais non de la manière que l'on croit.

Commençons par la dette. Car c'est la dette qui semble tout empêcher. Tout le monde pense qu'avec son déficit colossal, la France, comme tous les pays d'Europe n'a pas les moyens de mettre en oeuvre sa politique (quelle que soit cette politique). C'est déjà discutable, car la France a trouvé les moyens de débloquer des sommes considérables pour sauver les banques (alors qu'elle était déjà au bord du gouffre) ou pour envoyer des troupes en Afghanistan ou en Côte d'Ivoire. (On pourait croire que ces opérations ne coutent rien, tellement on s'inquiète peu de combien elles plombent le budget). Mais quand il s'agit des besoins sociales (hôpital, écoles, retraites), les caisses sont soudainement vides.
Il faut distinguer le vrai...

Il faut commencer par oublier les caisses: elles n'existent pas. Les finances de l'Etat sont simplement un système d'entrée et de sortie d'argent. Les finances publiques ressemblent bien plus à un compte courant qu'à un compte d'épargne. Et à l'instant T, à ce moment, on est déficitaire, dans  le sens que plus d'argent sort que ne rentre.

On a tendance à comparer les finances de la nation aux finances ménagères. L'analogie peut marcher, mais que jusqu'à un certain point. D'abord, un ménage a une durée de vie fixe, et donc les sommes dont il pourra disposer, son crédit, est limité dans le temps. D'autre part, l'argent qu'il reçoit, ses ressources, est plutôt fixe, puisque limité à son salaire, et dans une moindre mesure les produits de ses réserves (les revenus de son épargne, son patrimoine immobilier). Ce salaire peut varier certes: on peut espérer qu'il va croître même, mais en fin de parcours pas tant que cela. les ressources d'un ménage sont à la fois déterminées et prévisibles.

Tout ménage vit avec des déficits, parfois ponctuels (les trous dans le mois), parfois structurel (le prêt à la banque). Mais en fin de parcours, c'est à dire en fin de vie, le bilan du ménage sera quasiment nul, c'est à dire que les sorties d'argent seront quasiment égales aux rentrées d'argent. Si un ménage devait vivre selon les règles de l'Union Européenne pour les états, il serait impossible d'acheter une maison: cela représenterait un déficit astronomique dans nos finances. Une maison coûte trois à cinq fois le salaire annuel du ménage. Si on rajoute cette charge au dépenses ordinaires (le gaz, l'électricité, etc), cela représenterait un déficit de 600% de notre produit ménager brut.

C'est pour cette raison que les banques ne réfléchissent pas en termes de déficit quand ils nous offrent un prêt. Ils raisonnent en termes de capacité de remboursement, dont un facteur important est le temps nécessaire pour rembourser.

circulez, il n'y rien à voir...
Lorsqu'on raisonne en termes de capacité de remboursement, on peut remarquer que les capacités d'un état sont illimités, puisqu'il n'y a aucune limite dans le temps pour effectivement rembourser. En plus, l'état a beaucoup plus d'emprise sur ses revenus qu'un ménage, puisqu'il peut les ajuster selon ses besoins. Finalement, la dette peut sombrer dans l'insignifiance. Les États-Unis n'ont jamais officiellement remboursé leures dettes pour la guerre de 40, tout simplement parce qu'ils l'ont remboursé indirectement par la croissance des Trente Glorieuses. La dette a perdu toute importance économique. Le plein emploi et l'imposition progressive ont rendu la dette caduque. En 1960, Eisenhower quitte la Maison Blanche en laissant les 'caisses' pleines. Il a laissé à son successeur un budget équilibré, ou un chéquier approvisionné. Dans une conjoncture pareil, le rachat des bons de guerre serait passé inaperçu dans les affaires courantes de trésorerie.

On craint toujours que nos enfants devront payer notre dette publique, alors que c'est nous-mêmes qui la payons. Il n'y pas de dette, il n'y a qu'un déficit. On s'en aperçoit lorsqu'on regarde comment les successeurs utilisent les comptes de finances publiques. Quand Kennedy arrive au pouvoir et trouve son chéquier plein, il propose un grand projet à son pays: nous irons à la lune. Quand Bush II arrive au pouvoir et trouve le chéquier plein, il partage le fric avec ses potes. Les comptes américains sont au rouge avant même la chute des deux tours. Les exemples sont américains, mais conclusions sont universelles. La situation financière d'un état n'existe que dans le présent. C'est la gestion politique d'une nation qui en assure sa santé financière.

En fait, il faut considérer le déficit comme un découvert et la dette comme des agios. Il est vrai que nous traînons ce déficit depuis fort longtemps déjà et que les agios commencent à faire lourd. Mais c'est comme ça. Ce n'est pas si grave. Le Japon a trainé un déficit représentant 200% de son PIB. Cela ne l'a pas empêché d'être la troisième puissance économique de la planète. Parfois même, il faut se servir de ce découvert autorisé, voire l'étendre pour faire face à un moment difficile.

Le problème auquel doit faire face l'état est le déséquilibre entre revenus et dépenses. A l'heure actuelle, l'état fait entrer moins d'argent qu'il n'en voit sortir. La logique de l'austérité, c'est de maîtriser les dépenses et augmenter les revenus. Cela peut paraître logique, si ce n'était que lorsqu'on parle d'austérité, on ne nous parle que de réduction de dépenses.

Si maîtriser les dépenses se résume à simplement les réduire, on ne peut guère faire mieux que ce que l'on fait actuellement. Les salaires de la fonction publique sont gelés depuis bientôt vingt ans, les services à faible rendement ont été supprimés: des cliniques dans des bourgs ruraux sont fermées, bien des gares sont désaffectés, des classes se ferment et des bureaux administratifs, tels que postes et mairies, tournent à mi-temps en campagne. Même l'armée en prend pour son grade avec des bataillions entiers de supprimés. A moins de carrément démanteler la fonction publique (ce qui peut être le but inavoué des dirigeants, mais ne faisons pas de procès d'intention), il est difficile de voir ce qu'on peut faire de plus.

Quand Nicolas Sarkozy remarque durant le débat de 2007 que 53% des dépenses c'est les fonctionnaires, il présente ce chiffre comme une dépense excessive. Si on a trop de dépenses dans l'état, c'est qu'il y a trop de fonctionnaires. Pour lui, comme pour beaucoup de gens, le travail est un coût. Et tout coût doit être réduit.

Rendre à César ce qui est à César
Le problème avec une logique pareil, c'est qu'on éteint l'embauche et par conséquent on éteint le service à rendre. Que l'état embauche ses agents directement, ou qu'il délègue la tâche à des tiers, il faudra qu'il paie le service. Donc si l'état veut sérieusement réduire ses dépenses il faudra qu'il démantèle ses services. Vu que les gouvernements successifs ont a réduit tous leurs services à leur effectif minimum, il n'y a plus vraiment de marge de manoeuvre, à moins de supprimer des services. Lesquels supprimer? Les écoles? L'armée? La maintenance des routes? Qui reprendra ces services, par nature déficitaires? Tout comme une industrie qui cherche à réduire ses effectifs pour un travail nécessaire finit par réduire son offre, et surtout sa principale source de revenu.

Quand Nicolas Sarkozy avance que le personnel représente 53% des dépenses publiques, il faut au contraire se réjouir, car cela veut dire que pour chaque euro donné à l'état, 53 centimes vont pour payer les agents eux-mêmes, c'est à dire que plus de la moitié des impôts et des taxes paye le service effectivement rendu: le policier, l'enseignant, le gardien de musée ou l'équipe médical. Le reste paye les prestations sociales (allocations familiales, etc.), les biens publiques (le Charles de Gaulle, une nouvelle autoroute, une école, ou des tramways) et enfin des frais de fonctionnement. En plus, une bonne part de ces 53% retourne dans les caisses de l'état, sous forme d'impôts et de taxes à la consommation. Un fonctionnaire, c'est rentable!

Avancer que le travail est un coût revient à énoncer un oxymore. L'investissement n'a de sens que dans le travail. Un investisseur donne de l'argent à un entrepreneur pour qu'il ait les moyens de mettre en oeuvre son projet. Ces moyens sont avant tout humains. Si l'entrepreneur pouvait faire aboutir le projet seul, il n'aurait pas besoin d'investisseurs. Mais comme le travail à faire représente plus que ce qu'il peut faire seul il doit faire appel à de la main d'oeuvre, ce qui va épuiser ses moyens financiers propre, d'où le besoin d'investisseurs. Comment l'investisseur pense-t-il récupérer sa mise? En vendant le produit fini. A qui? certainement pas à lui-même, puisqu'il a avancé l'argent de départ. Donc il le vend aux autres. A ceux qui ont besoin du produit, ceux qui ont travaillé à le faire, ceux qui ont travaillé à faire les outils nécessaires à ce produit, etc. C'est en assurant le travail qu'on assure le retour sur investissement. C'est pourquoi un investisseur qui place un euro à l'étranger a tout intérêt à en placer trois chez lui. S'il avance que seul l'étranger vaut la peine de recevoir des investissements il ne pourra plus vendre son produit chez lui. Et il se tire une balle dans le pied.


Si les entreprises ne veulent plus investir en France, l'état doit devenir l'investisseur d'ultime recours. C'est le grand avantage qu'à la France - et tous les autres pays d'Europe, d'ailleurs - sur les Etats-Unis d'Amérique. Aux Etats-Unis, l'état peut faire les dépenses nécessaires aux besoins collectifs (ces dépenses manquent cruellement, de part et d'autre de l'Atlantique), mais c'est tout. En Europe, on peut faire ces dépenses également, mais un pays peut aussi investir dans son économie et tirer les bénéfices de cet investissement. L'état non seulement peut bénéficier du chiffre d'affaire, mais il récupère une bonne part de sa mise par le biais des impôts et des taxes à la consommation, tout comme il le fait pour les fonctionnaires. Du coup, il peut tabler sur des échelles de temps bien plus long pour assurer la rentabilité de ses investissements; il peut penser bien plus aux besoins réels et bien moins à la rentabilité immédiate, car la rentabilité à court terme est assurée autrement. Un investissement pour un état comporte nettement moins de risques que pour un investisseur privé. Le secteur privé n'a que les revenus du chiffre d'affaire pour récupérer sa mise et donc devient bien plus conservateur pour assurer sa survie.
Qui dit que les caisses sont vides?

Malheureusement, loin d'investir, l'état désinvestit dans l'économie. Les vingt, voire les trente dernières années sont dominées par les dénationalisations. Les banques, TF1, Renault, Saint-Gobain, EDF, GDF et bien d'autres entreprises publiques ont été transférés au privé. Si leur ventes ont mis du beurre dans les épinards ponctuellement, personnes ne s'est demandé comment remplacer les revenus que généraient ces entreprises sur le long terme. Le déficit de l'état est bien plus un problème de chutes dans les recettes que de dépenses "galopantes". Les pertes de revenu des entreprises publiques en sont une raison importante.

Ces dénationalisations arrivent en même temps que les désinvestissements du privé dans l'industrie en France, ce qui entraine une perte de recettes encore plus importante: la réduction de l'assiette d'impôts, c'est à dire du nombre de personnes payant des impôts sur leur revenu: plus il y a de chômeurs, moins il y a d'imposés, et moins il y a d'argent qui entrent dans les finances publiques; c'est arithmétique. Comme ces chômeurs dépensent moins, il y moins d'impôts indirects également. A cela, il faut rajouter le gel des salaires ainsi que le recours de plus en plus systématique au temps partiel, et les embauches bien au delà des capacités réelles des candidats: le sous-emploi, qui plombe d'autant les recettes de l'état. Moins les gens gagnent, moins ils payent d'impôts.

Ce n'est pas les taxes indirectes qui parviendront à compenser ces pertes. Les taxes indirectes, telles que la TVA ou la TIPP sont liées à la consommation, et par conséquent liées à la capacité de consommation d'une société. Les hauts revenus ne peuvent pas consommer assez pour justifier la taxe et les revenus modestes sont limités par leur modestie même. Toute augmentation de la TVA serait annulée par le recul de la consommation.

Ah, les petits cubes...
C'est en augmentant ses dépenses que l'état réduira son déficit. Que ce soit la France qui agit seule (ce qui serait déjà bien), ou de concert avec le reste de l'Europe (ce qui serait encore mieux), il faut une politique volontariste d'intervention dans l'économie, c'est à dire des dépenses. Ces dépenses doivent être maîtrisées, bien sûr. Elles doivent être ciblées pour répondre aux besoins d'intérêt général, qu'il s'agisse du court terme (investissements dans l'équipement, l'éducation, la santé; reprise en main des finances) ou du long terme (nouvelles technologies pour répondre aux problèmes d'énergie  ou d'environnement; restructuration agricole pour les besoins d'eau et pour réduire la pollution) seul l'état a les moyens et le recul nécessaires pour y parvenir. Mais ces augmentations de dépenses seront compensées par les augmentations de recettes fiscales d'abord, économiques par la suite.

Ces dépenses doivent être en outre compensées par le retour à une fiscalité progressive, les recettes de l'état augmenteront et donc attireront par la suite le privé qui saura être assuré du retour sur investissement. De même que comme l'état peut récupérer une part de sa dépense par la fiscalité, de même le privé peut récupérer une part de la fiscalité progressive exigeante par l'achat de bons d'investissement du trésor public. La boucle serait bouclée.

Or, c'est l'inverse qui s'est produit. Arrivé au pouvoir en 2000, Bush a fait évanouir le surplus que lui a laissé Clinton en faisant baisser les impôts sur les plus haut revenus. En 18 mois, le pays s'est trouvé avec un déficit record, et aucune amélioration dans les services publiques. Au contraire, même: les services de police ont raté l'infiltration islamiste, tellement ils étaient devenu nuls. En France, on fait la même chose: le bouclier fiscal, la suppression des taxes d'entreprises, les heures sup' défiscalisées n'en sont que des avatars récents. Et les services publiques en pâtissent: écoles surpeuplés avec des classes dans un état de décrépitude avancé, routes enneigés avec une voie déblayée, de plus en plus d'affaires de justice gérées par de moins en moins de magistrat... C'est à croire que l'état mène une politique délibérée d'autodestruction.

On justifie la politique d'austérité comme une nécessité pour rétablir la confiance des marchés. Or avec l'austérité, on voit plutôt une course effrénée des marchés vers la porte de sortie. On pourrait croire à l'efficacité de cette politique si elle était suivie par une entrée massive de fonds d'investissement dans des pays comme la Grèce ou l'Irlande, qui l'appliquent à la lettre. C'est le contraire qui s'est produit. Depuis la mise en place d'une politique d'austérité, la Grèce a vu son crédit dégradé au niveau d'un investissement toxique et une disparition quasi totale des investisseurs, ainsi qu'un taux de chômage équivalent à celle de la grande crise des années trente. Même à des taux exorbitants, personne ne veut acheter des bons grecs, car rien ne garantit le retour sur investissement. En effet, peut-on avoir confiance dans une personne dont les recettes ne cessent de diminuer, et qui fait tout pour diminuer ses recettes?

... du faux!
Nous revenons à notre comparaison avec une banque qui accorde un prêt à un ménage: il fixe son accord sur la capacité qu'a ce ménage à rembourser. De même que la banque rechigne à faire un prêt à quelqu'un dont les revenus sont en baisse et qui passe son temps à claquer son fric, de même il rechigne à prêter à un état dont les revenus ne cessent de se réduire, et dont les politiques accélèrent cette baisse plus qu'autre chose.

S'il faut une politique "d'austérité", cette austérité doit être partagée par tous, sous la forme d'une fiscalité fortement progressive: plus tu gagnes, plus tu payes d'impôts proportionnellement. Lorsqu'une personne cent millions d'euro, et en laisse 90% à l'état, cela lui laisse dix millions d'euro; l'impôsé ne sera pas sur la paille pour autant. Les abattements fiscaux doivent également être établi en vue de l'intérêt général: en  réinvestissant dans des entreprises à forte main d'oeuvre en France, tes impôts seront réduits d'autant. Mais il faut surtout rappeler que servir l'intérêt général, revient à servir son intérêt particulier. Avec les impôts, on construit les routes qui transporteront les marchandises, on construit les écoles qui formeront les employés à venir..

Mais la plus grande austérité sera celle imposée à l'état même qui devra assumer une dette conséquente pour financer la relance. Le paradoxe c'est que, une fois lancée l'économie résorbera automatiquement la dette. Cela se voit aujourd'hui en regardant la santé économique de pays qui l'applique, telle que l'Argentine ou l'Islande; même le stimulus package au début du mandat d'Obama, quand bien même largement insuffisant, a aidé le pays à éviter le pire. En Europe, comme en Amérique, on n'a jamais vu le peuple plus riche, l'économie plus saine, les finances plus stables que lorsqu'il y avait des salaires élevés, une fiscalité progressive et une politique économique interventionniste.

On ne voit guère que deux personnes en France qui aient saisi même partiellement le sel de ce paradoxe: Villepin pour l'investissement public dans l'industrie, et Mélenchon pour le besoin d'une fiscalité progressive. Ce serait intéressant de voir le PS se mettre entre les deux pour créer la dynamique nécessaire et relancer l'économie, et réellement rétablir la confiance.

9 commentaires:

  1. Jacques Pétrus24 mai 2012 à 22:32

    Putain mais c'est nul ce que vous racontez !! Allez faire un tour à Sciences-Po, faites des études, d'économie, par exemple ! L'ENA, enfin, allez voir , ailleurs comment ça marche en vrai, rensaignez-vous ! Des études d'histoitre peut-être ? ! Mélenchon ? Sacrée référence !!! Villepin ? Ah non arrêtez ! J'en peux plus !
    Bien cordialement !!!!!
    Jacques Pétrus

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    1. En quoi ce post est-il nul? Je veux bien argumenter. Je pense même que la plupart des points avancés ici mérite une discussion à part entière.

      Il n'y pas besoin de faire des études en economie pour faire des commentaires sur l'économie. Si toute discussion doit se résumer à la lecture de spécialistes, je vous conseille de lire Paul Krugman, économiste prix Nobel (pour pas le premier des crétins, me semble-t-il), dont les thèses sont à la base des réflexion émises dans cet article. Il n' y a pas à chercher loin: il post un blog avec le New York Times.

      Même si Mélenchon s'est rallié le PC, cela ne le fait pas de lui une mauvaise référence pour autant. Au moins prend-t-il le temps de se préparer avant de venir sur un plateau télé parler d'économie.

      Quand à Villepin, même sije ne suis pas toujours d'accord avec lui, je ne le considère pas non plus comme un imbécile. les bonnes idées ne sont l'appanage d'un homme d'une partie polituqe ou d'un courrant d'idée.

      je reste à votre disposition pour argumenter le propos, si vous avez quelques critiques raisonnées à avancer.

      Bien à Vous

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  2. Jacques Pétrus25 mai 2012 à 12:40

    Hawkeye,
    Vérifiez auparavant ce que vous avancez. Caisses vides (hopitaux, par exemple c'est totalement faux). Je ne vais pas passer mon temps à éplucher vos erreurs pour avancer mes vérités ensuite, non ?!
    Et puis quoi... votre intro "On a viré le petit connard" ? Qui "on" ? Surement pas moi. "Viré ?". Depuis quand les élections servent-elles à "virer" ? "Petit", vous trouvez qu'Hollande est grand vous ? "Connard" ? On appelle ça une insulte, d'ordinaire... 48 et quelques % des votants (exprimés) se sentent donc visés. Et vous voudriez que je développe quoi que ce soit ?
    Bien cordialement

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    1. Si, si, vantez-vous. J'ai pris 15 jours à pondre ce truc, j'aimerai bien qu'un lecteur prenne le temps à essayer de me contredire.

      Les services en province, surtout en zone rural ferment les uns après les autres (la clinique du Morvan à Luzy, la gare de Rémilly, dans la Nièvre, la ligne de micheline Figeac-Cajarc dans le Lot, pour ne citer que ce que j'ai vu 'de visu').

      Les caisses ne sont pas vides, car il n'y a pas de caisses. Il n'y a qu'un exercice budgetaire. Déficit et surplus ne sont donc que des constats à un moment précis, et peuvent disparaître ou aparaître d'un exercice à un autre, selon la conjoncture économique et la politique du moment.

      Je ne cache pas mon antipathie pour Sarkozy. je ne suis pas seul. Il faut dire toutefois que sa façon d'agir suscite des réactions plus émotives qu'intellectuelles. J'ai un ami balladurien qui l'appelle 'l'agité du bocal'.

      Mais je suis plutôt content que vous vous sentez visé. Non pas parceque je me place à gauche et vous, je suppose à droite (pour utiliser des repères commodes) mais parce qu'il me semble que le débat a été trop personnalisé, c'est à dire trop lié à des réactions épidermiques, et pas assez à des questions politiques, même si le caractère de la personne qui devra représenter la France est un facteur valable de décision.

      Toujours est-il que je reste assez circonspect à l'égard de Hollande, et je crois que mon introduction le fait également ressortir. Si cela vous gêne, passez outre l'intor et entrez dans le vif du sujet. Explicitez vos objections. Je ne pense pas que aurez tort à priori, mais il faut toutefois que je les lises.

      Dans l'attente

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    2. Ave camarades stakhanovistes de la discute !

      Jacques, vous devriez prendre de la graine du calme avec lequel Francis répond à ses commentateurs. Mais, Francis, je suis pour ma part largement dans le même état d'esprit que Jacques après avoir lu votre papier (ou "ton papier", je ne suis pas sûr si le tutoiement sur le fil de Pierre m'était destiné, mais je suis toujours dispo pour le mode d'adresse citoyen).

      Je doute que votre souhait, compréhensible, puisse être exaucé. D'abord votre article est beaucoup trop long pour qu'on lui apporte la contradiction point par point sans être subventionné pour les longues heures que cela exigerait (j'ai d'ailleurs décroché à la moitié après avoir failli en rester à la 1ère ligne comme Jacques) ; ensuite il est "borgne", c'est-à-dire que la seule analyse économique, bien trop abstraite du reste, ne permet pas à mon sens de déboucher sur des conclusions utiles.

      Je vais vous dire : vous faites quasi exactement comme Milton Friedman dans le clip proposé par Alexei sur le fil de Pierre, c'est-à-dire que vous cherchez à faire parler des principes abstraits, à plaquer une logique purement économique sur les affaires globales du monde.

      Quand vous écrivez, "Lorsqu'on raisonne en termes de capacité de remboursement, on peut remarquer que les capacités d'un état sont illimités, puisqu'il n'y a aucune limite dans le temps pour effectivement rembourser", c'est un excellent exemple de ce que le raisonnement économique (dont je n'ai pas cherché à évaluer la justesse dans le détail) peut déboucher sur une conclusion tout à fait irréaliste. Vous pensez vraiment qu'un prêteur va prêter à un état dont les capacités de remboursement sont déjà entièrement mobilisées sur, mettons, les 30 ou 40 ans à venir ? Et que dans la conjoncture actuelle, où des défauts de paiement à très grande échelle commencent à se produire, il va vraiment croire à la réalité pratique de votre théorie des "capacités illimitées" ?? Évidemment pas.

      oOo

      Bref, pour moi, votre analyse pèche parce que, comme beaucoup de monde, vous cherchez à plaquer une grille de lecture désuète, opérante au XXe siècle, sur un moment historique pour lequel elle ne peut plus être productive. C'est même la persistance de cette vision inadaptée selon laquelle ce sont des structures et de ceux qui en profitent le plus que "vient tout le mal" qui bloque tout progrès aujourd'hui. Moulinez autant que vous voulez sur ce modèle, tout ce que ça produira, c'est encore plus de nihilisme, de désespérance, et finalement d'envie de tout détruire. Il n'y a évidemment pas de solution de ce côté-là. Je serais d'ailleurs intéressé de savoir si vous pensez sincèrement qu'il y en a.

      À mon sens le regard de synthèse susceptible de déboucher sur des solutions doit embrasser la plus large gamme des sciences humaines, explorer plus ou moins profondément 2500 ans de civilisation et être animé d'un humanisme abouti, c'est-à-dire convaincu qu'aucun humain n'est fondamentalement ennemi d'un autre et que pour la plupart, chaque individu s'efforce de bien faire, même s'il peut être fourvoyé.

      Quand vous comparez Sarkozy, dans un autre billet, à Ronald Reagan, je vous trouve terriblement à côte de la plaque et abusé, là encore, par des lunettes XXe siècle qui ne permettent plus de bien voir le monde d'aujourd'hui.

      .../...

      Supprimer
    3. .../...

      Sarkozy n'a en aucun cas pratiqué un libéralisme échevelé, il s'est inscrit tout à fait dans la tradition française de libéral-dirigisme centralisateur. Comme tous ses prédécesseurs et comme son successeur, il a été confronté au redoutable défi de préserver tout ce qui fait notre modèle équilibré dans une conjoncture vraiment très difficile. Son originalité a été de couper avec des habitudes pesantes issu d'un classicisme de plus en plus impuissant, jusqu'à l'impuissance et l'immobilisme quasi total avec Chirac. De s'adapter à un siècle où plus grand chose ne reste fixe bien longtemps (et on ne remettra pas le chat dans sa cage, oubliez !), d'être fondamentalement dans le pragmatisme et très peu dans l'idéologie.

      Sarkozy n'a rien à voir avec Reagan parce que c'est un descendant d'immigré, qui a embrassé les valeurs françaises avec ferveur tout en les inséminant d'un tempérament exogame susceptibles de les régénérer ; un peu, d'ailleurs, comme ma propre famille, implantée en Tunisie jusqu'en 1946 et tournée vers la France des Lumières avec tout autant de ferveur. Tiens, d'ailleurs, Mickus, vous ne seriez pas dans un cas similaire ? ;)

      Voilà, je crois bien avoir rempli mon contrat de lecteur/débatteur et "pris le temps d'essayer de vous contredire".

      Lionel Lumbroso
      (Sarkozyste de gauche ;)

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    4. Reprenons de la fin au début. Je suis un cas particulier, je le reconnais. américain, je suis fils d'immigré de troisième génération (j'ai un arrière grand père qui a quitté le russi en char à boeuf durant le Pogrom). C'est encore plus complexe que ça, mais passons. Côté français, je suis fils d'universitaire et d'éminense grise de la République (j'ai même deux noms de rue à Paris dans la famille).

      Immigré mis à part, Sarkozy et la droite actuelle en France a tout à voir avec Reagan et la droite moderne en France. J'ai vécu cette politique, j'y étais. J'ai vu ce que cela a donné. Reagan a commencé par fixer un bouclier fiscal à 50%, puis par supprimer la taxe d'entreprise comme étant la plus injuste qui soit... Même position anti-impôts et anti-gouvernement, même réalisme aussi à devoir composer avec une opposition et donc temporiser. Même dirigisme aussi, mais aussi en faveur d'une élite. Même habitude à personnaliser le débat, ce qui revient à détourner l'attention des véritables décisions politiques.

      Sarkozy vit dans le mythe Reagano-thachérienne qui qu'en libéralisant l'économie et en baissant les impôts, on aidera les entrepreneurs qui s'enrichiront et feront enrichir les citoyens et le pays tout entier.

      En fait, rien de cela s'est produit. En libéralisant l'économie, on a seulement enrichi les entrepreneurs et c'est tout. ces entrepreneurs ont mis le travail en concurrence, préféré délocaliser au risque d'arrêter l'économie locale et fait stagner les salaires, ce qui a plombé la fiscalité et appauvri tout le monde sauf les entrepreneurs et que certains d'entre eux. Aujourd'hui 1 personne sur mille controle 90% des richesses du pays en Amérique. Cette même concetration est en train de se produire en Franche et en Europe, avec les mêmes conséquences sur l'économie et la société.

      Je propose un modèle inopérant? Je n'en suis pas certain. L'Argentine a arrête sa fixation sur l'argent (la parité avec le dollar), a nationnalisé ses banques et est intervenu dans les secteurs clefs de son économie. Elle se retrouve avec une économi en croissance et un taux de chômage à 6,7%.

      Embrasser deux millénaires d'histoire serait bien trop long, et votre reproche de longueur peut être entendue. Je n'ai cherché qu'à réfléchir sur le problème de la dette et de la relance pour voir comment ils sont liés et peuvent être résolus. Déjà là, on met son doigt dans un engrenage assez terrible. J'ai essayé d'être aussi concis et pragmatique que possible.

      Donc, oui, l'état n'a pas du tout atteint ses capacités d'emprunt. D'une part, parcequ'une bonne part de ce qu'il dépense lui revient quasi automatiquement. D'autre part car l'état et son propre assureur. Une nation qui 'fait faillite' ne va pas disparaître pour autant. Si sa politique est suffisement stable, il assurera la pérennité de la nation et sa capaciuté de remboursement. Enfin, car l'état peut ajuster autant (si ce n'est plus) ses revenus que ses dépenses. Une fiscalité saine, qui demande à chacu de participer à l'intérêt général à la la hauteur de ses moyens ira bien plus loin pour rassurer les créanciers que toute réduction de dépenses.

      Aucun paradis fiscal n'est un locomotive de l'économie du monde.

      Enfin, vous vous êtes bien pris pour prendre ce post à bras le corp. Et si j'essaye de fiare attention, je passe du vousoiement au tutoiement sans faire exprès!

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  3. Là encore, cher Francis, tu affirmes -- "Sarkozy et la droite actuelle en France a tout à voir avec Reagan et la droite moderne en France" -- en avançant comme seul argument, "J'y étais", ce qui est bien léger et pauvre en analyse politique.

    Le "bouclier fiscal" n'est un symbole de collusion avec les riches que dans une analyse primaire. En réalité, son concept relève d'une question quasi philosophique, mettons de philosophie politique assortie d'une prise de position morale qui a un sens profond et fondamental.

    Dire, dans un contexte où des citoyens ont des revenus sans enfreindre la loi, que l'Etat ne pourra en prendre plus de la moitié quoi qu'il arrive, c'est dessiner la ligne de partage entre une politique respectant l'individu tout en pourvoyant à la redistribution, à la mutualisation et une autre posant pour principe que la collectivité prend le pas sur les individus.

    Alors pour être honnête, je dois ajouter que le bouclier fiscal à 60% du temps de Villepin faisait déjà l'affaire pour faire respecter ce principede philosophie politique, en raison des niches fiscales multiples qui permettaient, avec de bons fiscalistes, de ramener ce plafond de prélèvements à 50/50.

    Je n'exclus pas que le rabaissement du seuil à 50% par Sarkozy, sans toilettage parallèle des niches fiscales, ait pu avoir une dimension clientéliste, mais rien qui justifie que l'on crie au scandale sans saisir le sens politique général de ce plafonnement.


    oOo

    Je ne vois pas que Sarkozy vive "dans le mythe reagano-thatchérien" du tout libre-échange, il s'inscrit tout à fait dans le modèle colbertiste français mais cherche à lui permettre de perdurer, ce qui nous réclame de rationaliser nos usages, de nous décharger de certaines charges en les partageant avec le privé, etc.

    Cela dit, je ne nie pas qu'il ait pris certaines mesures trop à droite pour moi. Par exemple, la nouvelle réduction des droits de succession est à mon sens une mauvaise option, l'augmentation des droits de mutation pour "refroidir" le marché immobilier aussi, la réduction de la TVA pour les restaurateurs est juste clientéliste, etc.

    Je ne sais pas où tu as vu qu'on "a enrichi les entrepreneurs" ; ces dernières années ont été hyper-dures pour les indépendants et petits et moyens entrepreneurs, justement parce que eux n'ont quasiment aucun recours pour réduire leurs coûts en délocalisant.

    Pour favoriser une issue contraire à celle que tu dénonces en disant "aux USA, 1 personne sur 1000 contrôle 90% des richesses", il faut favoriser l'auto-entreprise, la responsabilisation, donner envie à chacun de déployer ses forces vive, de créativité entrepreneuriale, etc. Ce qui favorise le plus, au contraire, une telle concentration, c'est une population encore trop importante qui se voit comme porteuse uniquement de force de travail à vendre à autrui. Il en faut, tout le monde ne peut pas être indépendant ou dans une petite structure réactive, mais il y a vraiment un problème d'initiative en France et un trop grand attrait du fonctionnariat.

    Ça me fait rigoler (jaune), parce que c'est cette attitude qui ne remet pas en question la "servitude volontaire" qui contribue le plus à perpétuer "l'exploitation des travailleurs". Tu connais la fable "Le Loup et le chien", de La Fontaine ?

    http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_de_la_fontaine/le_loup_et_le_chien.html

    Elle dit tout ! Moi, ça fait 24 ans que je me suis "enfui" (de la condition de subordination pour une pitance assurée) et que je "cours encor" ! ;)

    Peux-tu te situer par rapport à cette fable parabolique ?

    Amicalement,

    Lionel

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    1. La seule différence que je vois entre Reagan et Sarkozy, c'est que Reagan repésente le début d'une politique et Sarkozy en représente (du moins, je l'éspère) son terme.

      Mais la politique est la même; elle consiste à transférer les charges de la société entière sur le seule travail. La suppression de la taxe d'entreprise est compensée par une hausse des taxes d'habitation et foncière. La 'réforme' des retraites consiste uniqueme à augmenter la aprt des cotisations, la durée des cotisations et réduire la somme perçue à l'arrivée. Quelle a été l'apport de l'actionnariat? Le bouclier fiscal profite sutout à ceux qui avant tout du travail des autres...

      Il ne faut pas croire que cela aide la libre entreprise: elle est quasiment éteinte aux USA, et elle est écrasée par les charges en France, tout comme les professions libérales.

      Le travail est indûment comprimé par cette politique libérale.

      La philosophie derrière est simple: en libéralisant le capital, on libère plus de fonds qui seront investit, créant du travail et enrichissant tout le monde.

      Mais la réalité est autre: en libéralisant le capital, on l'a déresponsabilisé. Il met en concurrence le salariat, par les voies de la délocalisation et le chômage et il attaque tout l'architecture social pour augmenter la part qui lui revient au détriment du reste de la société.

      L'austérité n'existe pas pour réduire la dette, au contraire la dette enrichit le capital sans effort. L'austérité cherche à réduire encore plus la part du travail au profit du capital.

      S'il faut sauver l'économie, gardons l'austérié pour les beaux jours.

      Une petite lecture:
      http://readersupportednews.org/off-site-opinion-section/83-83/11712-the-austerity-agenda

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